dimanche 8 février 2009

Entrevue avec Elie Domota


NOUVELLES DU FRONT DE GUADELOUPE

19ème jOUR DE GREVE GENERALE: UN ACCORD IMMINENT ?

Suite à la suspension de séance dont je vous parlais avant-hier, le secrétaire d’Etat a, à nouveau changé le dispositif des négociations. Depuis hier, socioprofessionnels (le patronat) et délégués du collectif LKP sont face à face pour tenter de trouver un accord concernant l’augmentation de 200 euros pour les bas-salaires. Yves Jégo (secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer), Victorin Lurel (président du Conseil Régional) et Jacques Gillot (président du Conseil Général) font office d’arbitres, dans le cadre de ces négociations nouvelle génération mais toujours à huis-clos. Par ailleurs Yves Jégo négocie de son côté en secret avec les dirigeants de la SARA (Société Anonyme de Raffinerie Antillaise), qui détient le monopole de l’approvisionnement en pétrole sur l’île. On parle maintenant d’un accord qui serait imminent sur la question des augmentations de salaire. Pour en savoir plus, Chien Créole a contacté par téléphone Elie Domota, porte-parole du collectif, qui a accepté de nous donner une entrevue téléphonique. C’était aujourd’hui à 15h30.

Chien Créole : - M. Domota, on dit que le collectif LKP serait sur le point de parvenir à un accord signé sur la question centrale de l’augmentation de 200 euros pour les bas-salaires. Qu’en est-il exactement ?

Elie Domota : Il n’y a encore rien de fait, nous avons négocié hier toute la nuit, jusqu'à 7h00 du matin. Nous allons reprendre les négociations à 17h00.

Elie Domota, porte-parole du LKP (photo FG)

Chien Créole : pouvez-vous faire un petit point pour nos lecteurs sur l’évolution de la discussion concernant les 200 euros. Qu’est-ce qui bloque encore ?

Elie Domota : Le problème est que le patronat, et en particulier les békés sont sur la position de ne pas mettre un centime sur la table. Cette position peut conduire à la guerre civile.


CC : l’Etat a fait un effort supplémentaire de son côté ?
ED : En effet, l’Etat promet une enveloppe de 108 millions d’euros.

CC : Est-ce que c’est en soi suffisant pour compenser l’augmentation du SMIC ?
ED : Alors, il ne s’agit pas que des personnes touchant le SMIC. L’augmentation de 200 euros concernerait ceux qui gagnent moins de 2100 euros par mois. Pour les autres bas-salaires, nous demandons une augmentation d’au-moins 3%. Les personnes étant à temps partiel bénéficieront du RSA.

CC : Quand vous parlez de bas-salaires, ça va jusqu’à combien ?
ED : Nous nous basons sur le plafond établi par la Sécurité Sociale, qui s’élève à 2773 euros brut.

CC : Si je vous suis bien vous dites que ceux qui gagnent entre 2100 et 2773 euros devraient obtenir au-moins 3% d’augmentation. Le pourcentage exact va être débattu ce soir avec les socioprofessionnels ?
ED : Non, ces négociations vont s’engager par branche, mais nous nous fixons comme objectif 5% pour tous.

CC : Ca ne pourra pas être moins de 3% ?
ED : non, c’est le minimum.

CC : Vous estimez à combien les personnes concernées par ces mesures, les 200 euros et les 3% ?
ED : Là on parle de 79 000 personnes auxquelles viennent s’ajouter entre 4500 et 5000 salariés à temps partiel qui bénéficieront du RSA.

CC : Est-ce que les 108 millions de l’Etat couvrent à eux seuls les augmentations de salaires pour ces 79 000 ?
ED : Non, elles ne suffisent que pour 45 000 personnes.

CC : C’est donc le patronat qui devra prendre à son compte les 34 000 personnes restantes ?
ED : Oui

CC : Bien. Imaginons à présent que l’accord soit signé ce soir. Envisagez-vous d’appeler à l’arrêt de la grève générale ?
ED : Certainement pas, il reste beaucoup de points qui ne sont toujours pas résolus : la proposition sur la baisse des prix n’a toujours pas été validée, restent les questions du transport, du carburant, des conditions d’embauche, entre autres. Nous appellerons peut-être à une suspension de la grève.

CC : Est-ce que vous comptez soumettre cette décision à la base ?
ED : Bien sûr nous le faisons toujours

CC : Si un accord devait être signé ce soir, nous en débattrions demain au palais de la mutualité ?
ED : Non, ce soir devant la préfecture.

CC : Pourquoi pas au palais de la Mutualité, en assemblée générale ?
ED : Parce que comme tous les jours, il y aura des milliers de personnes devant la préfecture.

CC : Et bien merci et bonne continuation pour les négociations de toute à l’heure.