COMMEMORATIONS MÉ 67
Ce 27 mai 2009, une reconstitution des faits dramatiques des 26, 27 et 28 mai 1967 a eu lieu place le victoire à Pointe-à-Pitre, sous la direction de Luc Reinette, figure historique du combat indépendantiste en Guadeloupe.
Devant les spectateurs réunis place de la Victoire, les 87 figurants interprétant les manifestants de mai 67 se sont écroulés, au son des coups de feu, une tache rouge au t-shirt. 87 pour les 87 morts officiellement reconnus par l'Etat français, auteur de cette sanglante répression.
Les Guadeloupéens sont venus en famille assister à la reconstitution de ce drame qui après avoir été un temps refoulé fait désormais partie de l'histoire collective de la Guadeloupe. Dans l'hexagone, à part quelques spécialistes, personne n'a entendu parler de ce carnage commis dans un département français.
De nombreuses victimes ont été jetées dans la darse. Beaucoup de familles ont enterré leurs proches clandestinement, de peur que des représailles ne s'abattent sur toute la famille.
Les manifestants réclamaient alors une augmentation de salaire de 2% dans le bâtiment. Faute d'argent, la police leur a donné du plomb.
Yvon Coudrieux venait juste d'être reçu comme prof de sport. Pendant les événements, alors qu'il n'avait rien à voir avec la grève, il a été tiré comme un lapin dans la rue, par la police. Il a perdu sa jambe droite et aura besoin de béquilles toute sa vie... Il témoigne et rappelle que la radio indiquait alors que la situation était sous contrôle sans quoi il ne serait pas sorti de chez lui. Il précise bien qu'il n'y a eu aucune sommation. Et puis sa voix se casse lorsqu'il raconte comment on lui a annoncé qu'il ne pourrait plus jamais faire de sport, ni enseigner...
Yvon Coudrieux fait aussi le parallèle avec les manifestations de mai 68, un an plus tard où pas un manifestant ne sera tué en dépit de l'extrême violence de certaines manifs ou affrontements avec la police. L'ancien prof d'EPS n'en est pas étonné : "La France n'allait pas tirer sur ses enfants..."
Un foulard rouge à la cuisse pour symboliser sa blessure, il repart sous les applaudissements nourris d'une foule émue.
A tour de rôle et par rangée, les figurants viennent planter une croix avec le nom des victimes ou un écriteau pour les morts anonymes portant cette inscription : "Guadeloupéen tombé en mai 67, qui es-tu ? Où es-tu ?"
La Guadeloupe n'oublie pas ses morts. Cet épisode est devenu constitutif de l'identité guadeloupéenne. Pour en savoir plus, je vous renvoie à l'article précédemment publié sur Chien Créole : Mai 67, le poids de l'histoire (http://chien-creole.blogspot.com/2009/05/parallele-historique.html)Reportage photographique et commentaires : FRédéric Gircour (trikess2002@yahoo.fr)
