vendredi 6 mars 2009

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LE REPAIRE DE "LA-BAS SI J'Y SUIS" EN GUADELOUPE


1° Le rejeton qui essaye d'être spirituel.

Chien Créole est un rejeton spirituel (toute proportion gardée) et admiratif de "Là-bas si j’y suis", l’émission de Daniel Mermet qui passe tous les jours à 15h00 sur France Inter (10h00 avec le décalage horaire en Guadeloupe, sur la bande FM, 95.4). Du recul et de l’humour, la liberté de ton, un point de vue critique, engagé et sans compromission, la parole donnée aux sans-voix, "Là-bas" apporte une véritable bouffée d’oxygène dans un paysage médiatique de plus en plus étroit et étouffant, où la plupart des médias sont chaque fois plus à la botte du pouvoir politique et économique. Depuis quelques années, il existe dans la plupart des villes de France des "repaires de Là-bas si j’y suis". Ce sont des espaces démocratiques où les auditeurs se retrouvent autour d’un verre pour prolonger une réflexion critique et pour échanger. Les premières réunions du repaire de Guadeloupe ont eu lieu à l’initiative de Francky, chez Tony, au Petit Extra, un bar-restaurant très sympa sur Jarry. Et puis le mouvement lancé par le LKP a surgi alors qu’on ne l’attendait pas, créant une dynamique extraordinaire : prise de conscience et action, réflexion et engagement ont été notre pain quotidien pendant les 44 jours véritablement historiques de la grève générale et cette mobilisation est loin d’être terminée. Notre nombre nous a poussé à changer de lieu de rendez-vous.


Repaire des AMGs à la Kaza, Marco en pleine discussion (photo A. Gircour)


2° Pour la diversité dans le mouvement

Avec Stéphane et d’autres "métros" engagés depuis le premier jour et présents sur les manifs et les barricades, nous avons déploré la sous-représentation de la population originaire de l’hexagone et avons décidé d’utiliser la structure du repaire de "Là-bas si j’y suis" pour convoquer dans une réunion ceux qui se sentent une fibre LKP mais n’avaient jamais fait le pas d’aller sur le terrain. Cette initiative qui a réuni à la Kaza, une soixantaine de personnes, "métros" et antillais, si elle a eu un excellent accueil de la presse (diffusion en direct sur Canal 10, reportage sur France Antilles, RFO, France3, etc.) n’a pas toujours été bien comprise. Loin de nous la volonté de nous regrouper entre "métros" pour créer un groupe au sein du mouvement dans une vision communautariste ! C’est tout le contraire : il s’agit que les actions du LKP reflètent la diversité constitutive de la Guadeloupe. Nous avons voulu créer un électrochoc pour que ceux qui appuient le mouvement viennent renforcer le Lyannaj sur le terrain et sous toutes les bannières qui le composent. L’après-midi suivant la réunion, une importante manifestation du LKP a eu lieu à Moule. Nous avons marché en ordre dispersé, dans tout le cortège. Nous voulons réaffirmer que nous sommes nombreux parmi ceux qui viennent de l’hexagone à ne pas partager les intérêts des grands patrons, qu’au contraire, beaucoup d’entre nous partagent les mêmes difficultés que les Antillais et le même ras-le-bol de la politique de Sarkozy. C’est aussi ce jour-là qu’on a choisi de ne plus nous désigner sous le terme de "métro", mot connoté colonialement et dans lequel nous ne nous reconnaissons plus, mais sous celui d’"héxago’"(pour hexagonaux, venant de l’hexagone).


3° Des invités de qualité

La réunion suivante s’est faite en présence de Daniel Mermet, reporter-animateur de l'émission "Là-bas si j'y suis" et d’Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste, NPA, qui nous a rejoint pour la seconde partie.


Réunion AMG en présence de Daniel Mermet et d'Olivier Besancenot (photo A.Gircour)


Si deux mois plus tôt on m’avait dit que j’animerais le repaire de "Là-bas si j’y suis" devant deux cents personnes, entouré de Mermet et Besancenot, j’aurais ri de bon cœur ! Mais ça fait partie des jours incroyables que nous avons vécu, où tout était soudain possible, où l’on pouvait facilement côtoyer des gens extraordinaires tout en découvrant la grandeur de gens ordinaires, des journées où nous portait un grand souffle d’espoir, de générosité et de fraternité. Des jours aussi où l’égoïsme, la mesquinerie, le mépris parfois teinté de racisme d’autres personnes ressortaient, comme soudainement mis en lumière. Les périodes de crise sont de bons révélateurs des tempéraments des uns et des autres. Des amitiés se sont brisées, d’autres liens se sont créés, ce qui est sûr, c’est qu’après ces événements, on ne verra plus le monde qui nous entoure de la même manière. Mais je m’éloigne du sujet qui nous intéresse. Lors du repaire avec Mermet et Besancenot, chacun a pu exprimer son ressenti par rapport aux évènements, au mouvement en cours, à l’état de la société guadeloupéenne. Mermet a consacré une partie de son émission du lendemain à cette belle rencontre (retrouvez les dix émissions consacrées par Mermet et Antoine Chao à la Guadeloupe, en ligne sur http://www.la-bas.org/mot.php3?id_mot=207 et sur http://www.la-bas.org/mot.php3?id_mot=209 ) (ne loupez pas non plus le Rendez-vous avec X, autre excellente émission d'Inter, consacrée à la répression sanglante de mai 67 en Guadeloupe sur http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/rendezvousavecx/ en ligne à cette adresse pendant une semaine, puis pendant deux mois en cliquant sur la rubrique "archive" de cette page)


Mermet et Besancenot à la Kaza, au sortir de la réunion des AMGs (photo A. Gircour)

4° Une volonté de passer à l'action à transformer

Lors des réunions suivantes, tout en réaffirmant notre volonté de poursuivre une réflexion critique, la nécessité de passer à l’action s’est imposée à nous, dans la lignée de celles entreprises par le LKP. Dans nos discussions, trois grands axes sont revenus sans cesse : l’éducation, la consommation et l’environnement. Plusieurs projets ont été proposés : monter une association de soutien scolaire pour les élèves dont les parents ne gagnent pas suffisamment pour se payer des cours particuliers et qui sans ça, seront pénalisés par les jours de cours qui ont sauté pendant la grève; agir contre les médecins qui, en toute illégalité, refusent de soigner les patients bénéficiaires de la CMU ; faire une cartographie des points de distribution, pour savoir à qui ils appartiennent et quels sont ceux qui respectent leurs salariés, l’environnement, etc. Venant d’horizons très divers mais unis par la volonté de contribuer à changer la société dans laquelle on vit, nous les AMGs (selon le bon mot de Mermet repris par tous les repaires : Auditeurs Modestes et Géniaux) entendons déployer notre potentiel militant dans des actions où nous nous retrouverons avec d’autres, déjà dans le mouvement au sein du LKP. Vous pouvez retrouver le compte-rendu des dernières réunions et vous tenir informé des prochaines sur http://www.amg-guadeloupe.blogspot.com/ , le site tenu par Jean-François.


FRédéric Gircour, contact AMG (trikess2002@yahoo.fr)