jeudi 30 avril 2009

Prévisions pour le mois de mai et au-delà


COMMUNIQUE D’ALERTE, SCOOP EN EXCLUSIVITÉ MONDIALE ET AUTRES POINTS


1° Alerte rouge !

Encore plus redoutable que le virus de la grippe A H1N1, le virus Chien créole se propage dans le monde de façon inquiétante. Vous êtes déjà plus de 2000 à l’avoir consulté depuis le 16 avril 2009 (voir : http://www2.clustrmaps.com/counter/maps.php?url=http://www.chien-creole.blogspot.com) ! L’épidémie touche principalement l’hexagone et les Antilles mais aussi tout un tas d’autres pays comme le Canada, l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, le Bénin, le Mexique, les Etats-Unis, le Maroc, la Chine, la Jordanie (en parlant de Jordanie, salut Sandra !) pour n’en citer que quelques uns… Déjà 33 points dans le monde ont été infectés plus ou moins sérieusement par la pensée subversive de Chien Créole. Pour l’instant ce virus n’a pas muté mais d’aucuns redoutent qu’il ne se transforme en mouvements sociaux de type LKP dans les pays concernés. Les spécialistes attirent tout particulièrement l’attention des populations sur le 1er mai, date à haut risque selon eux et relèvent le niveau d’alerte à la phase 6. Nous vous tiendrons informés des évolutions probables de cette pandémie de la dignité et de la lutte sociale.


Peinture sur tissu, détail ( photo FG)


2° Parce que vous le valez bien

Pendant ce temps-là, dans les DOMs, les états généraux se poursuivent dans l’indifférence générale. Nicolas Sarkozy qui fanfaronnait en février qu’il viendrait les inaugurer en Guadeloupe a (une fois encore) failli à ses promesses, décrédibilisant un peu plus la parole de l’Etat ici… Pour l’instant, il prétend qu’il s’agit d’un contretemps et qu’il viendra bien. On peut très sérieusement en douter… Le plus grave dans toute cette affaire, c’est que j’ai parié avec mon pote Fred (encore un) une bonne bouteille de rhum vieux qu’il viendrait. Je l'imagine en train d'arborer un sourire triomphant à la lecture de ces lignes... Enfin, on a le président qu’on mérite… M’étant probablement planté sur la venue de notre auguste président, le professionnalisme de mes analyses a pu sérieusement être remis en cause aux yeux de l’ami Fred, déjà, et dans plus d’une trentaine de pays, maintenant que vous êtes au courant ! Chien Créole se devait donc de frapper un grand coup pour redorer son blason. Mis sur la piste par Elie et Jocelyn entre autres, je vais donc vous donner un scoop fantastique : en avant-première mondiale, et, tenez-vous bien, cinq mois avant la fin des commissions et diverses consultations, Chien Créole vous révèle les résultats des travaux des états généraux. Avouez que c’est fort ! Vous pouvez gracieusement les consulter au format PDF à l’adresse suivante :

http://www.outre-mer.gouv.fr/IMG/pdf/Stracom.pdf

Allez-y, c’est vraiment très instructif. Ce document date de novembre 2008. Il s’intitule « Stratégie de croissance pour l’Outre-Mer », Stracom en abrégé. Vous pourrez constatez que tout ce qui concerne le développement des DOMs a déjà été décidé depuis Paris. Tout ce dont certains débattent ou font mine de débattre aux états généraux a déjà été tranché avec des financements déjà votés et attribués par la loi de finance 2009 !


3° Il va y avoir du sport

Pour parler de choses sérieuses à présent, le mois de mai s’annonce sportif. Elie Domota a d’ailleurs conseillé lors d’un récent meeting à la Mutualité de préparer nos baskets. Nous allons rebattre le pavé (avec la plage de sable blanc en-dessous) et si le mois de mai doit être « un mois de combat » dixit Elie, la journée du 1er mai aura valeur de test sur la capacité du LKP à continuer à mobiliser. La manifestation aura lieu à Petit-Canal, demain matin à 8h30 avec Olivier Besancenot dont la présence symbolise la jonction des luttes des travailleurs de l’hexagone avec ceux de la Guadeloupe. Comme j’ai eu l’occasion de le dire à Jean-claude Lefort sur le plateau de l’émission 7 actu sur RFO, le LKP reste une référence dans l’hexagone pour tous les mouvements sociaux qui sont en train de monter.


(Photo ayant circulé sur le net)


Deux paramètres définiront donc la radicalité des luttes entreprises en mai : la capacité de mobilisation du LKP, - est-elle demeurée intacte ? - nous le saurons demain ; et ce qui va se passer en France ce mois-ci, étant entendu que les luttes des uns nourrissent les luttes des autres ! La symbolique du mois de mai a bien sûr son importance, de la sanglante répression de mai 67 en Guadeloupe à l’insurrection de mai 68 dans l’hexagone, mais au-delà de ça, les raisons de se soulever ne manquent pas : pouvoir d’achat en chute libre (sauf en Guadeloupe, tiens ?!), mépris des travailleurs, licenciements massifs et quotidiens, scandales à répétition pour les privilèges accordés aux plus nantis, catastrophe écologique majeure au niveau planétaire, crise économique et financière amenées par un capitalisme débridé et dont nous supportons les effets alors que les principaux responsables ne sont ni inquiétés, ni remis en cause sérieusement, crise sociétale, atteintes répétées aux libertés individuelles, à la liberté de la presse, émeutes de la faim dans les pays les plus pauvres, etc. La liste est longue des méfaits du système dans lequel on vit.


4° Amputation risquée

En réponse à tout ça, on sent une aspiration des populations à retrouver une dignité, à se réapproprier leur destin, à renoncer aux fatalismes qu’on leur vend chaque jour dans les médias et à porter une vision collective où l’humain importerait plus que les intérêts économiques d’une poignée. Le LKP a réveillé ce souffle, cet espoir. En Guadeloupe, plus spécifiquement, la mobilisation concerne tous les points de la plateforme qui n’ont pas encore été traités et doivent trouver une issue favorable pour le plus grand nombre. Ce ne sera possible que si la pression sociale est maintenue. La résistance du peuple guadeloupéen a fait l’admiration du monde entier (le Medef ne compte pas), nous verrons s’il répond présent en mai. Et puis l’enjeu tourne aussi et surtout autour du très emblématique accord Bino. Rappelons qu’un décret d’extension a été pris par le gouvernement pour tous les salariés du privé dont l’entreprise n’avait pas encore signé cet accord (prévoyant l’augmentation des bas-salaires). Or, ce décret a été amputé de deux points.


5° Gouvernement et patronat veulent leur revanche

Le premier concerne le préambule qui faisait état d’« économie de plantation » et qui a tellement choqué les patrons. En réalité, loin de vouloir dire que les entreprises pratiquent toujours l’esclavage, il s’agissait juste de réaffirmer une évidence : tout le développement économique de l’île est tourné vers la métropole et ses intérêts, comme l’était l’économie de la canne-à-sucre au temps de l’esclavage. Si le secrétaire d’Etat Jégo n’y a rien vu à redire, c’est parce que c’était une garantie pour se prévaloir d’une éventuelle contagion dans l’hexagone. Si les syndicats nationaux s’étaient mis à exiger les mêmes acquis sociaux que ceux arrachés par le LKP en Guadeloupe, Fillon aurait eu beau jeu de rétorquer qu’il s’agissait d’un geste exceptionnel pour réparer une injustice historique, ce qui ne saurait en aucun cas concerner l’hexagone. En fait, il n’a pas eu besoin de répondre ça aux centrales syndicales, puisqu’elles se sont chargées elles-mêmes d’expliquer à leurs adhérents que les situations guadeloupéennes et métropolitaines était très différentes ! Un comble…

Toutefois, tout le monde y-compris le LKP s’accorde à dire que la présence ou non du préambule n’est pas fondamentale dans le projet d’extension. Bien plus inquiétante est l’annulation de la clause de convertibilité qui obligeait le patronat à reprendre à sa charge intégralement et au bout de trois ans, les 150 euros d’augmentation consentis pour l’instant par l’Etat et les collectivités territoriales. Cette mesure entend donc institutionnaliser un système à plusieurs vitesses inacceptable en l’état (entre ceux qui les conserveront et ceux qui les perdront), une remise en cause de l’effort voulu par le LKP pour un plus juste partage des richesses. Le gouvernement, aidé par le grand patronat a pris conscience du précédent fâcheux que constitue le LKP devenu un exemple à suivre dans l’hexagone et semble, grâce à cet affront, vouloir en découdre à nouveau pour cette fois remettre les Guadeloupéens à leur place. Il faudra donc être particulièrement prudent pour ne pas tomber dans les provocations et les pièges qui ne manqueront pas d’être tendus au LKP dans le mois qui vient. En attendant, où que vous soyez, manifestez bien !


Frédéric Gircour (trikess2002@yahoo.fr)