LA MOBILISATION SOCIALE EN GUADELOUPE, ENSEIGNEMENTS ET PERSPECTIVES
1° LE TRAITEMENT DU CONFLIT PAR LA PRESSE NATIONALE
Antony Maragnés, membre du CAGI (Centre d’Analyse Géopolitique Internationale), a épluché la presse nationale et distingue trois étapes distinctes dans le traitement du conflit social en Guadeloupe :
- Du 20 janvier au 01er février : tourisme médiatique
- Du 02 février au 14 février : raréfaction de l’information
- Du 15 février au 21 février : journalisme anti-émeute
Pour lui, la presse nationale s’est globalement plus focalisée sur les conséquences d’ordre économique (impact sur le tourisme par ex.) et sur les problèmes de vie pratique liés à la grève ( écoles fermées, absence d’essence, etc) que sur les causes du conflit elles-mêmes. Ainsi, au lendemain de la signature de l’accord Bino, le 05 mars, le Monde titrait : « La Guadeloupe au bord de la faillite ». La grève a été le plus souvent présentée comme un fléau qu’il conviendrait de circonscrire (contagion).
Les techniques d’investigation au début se sont résumées aux micro-trottoirs, pour le reste la majorité des journalistes suivaient les dépêches. Petit à petit les analyses ont pris le pas sur le factuel, même si celles-ci n’étaient pas dépourvues de nombreux stéréotypes, voire d’erreurs. Il est révélateur d’observer que ce n’est qu’à la venue d’Yves Jégo que sont arrivés massivement les envoyés spéciaux des médias nationaux. C’est d’ailleurs la plupart du temps des journalistes généralistes qui ont été dépêchés ici. D’une sous-exposition, la Guadeloupe passe à une surexposition, mais cela n’implique pas forcément une meilleure compréhension…
La présentation médiatique du LKP s’est réduite le plus souvent à celle d’un collectif « contre la vie chère » et seules les mesures phares comme la baisse des produits de première nécessité ou les 200 euros d’augmentation pour les bas-salaires ont été mentionnées à l’exclusion de la grande majorité des autres revendications qui recouvraient des champs très variés. L’autre pendant qu’ont traité les journalistes en le caricaturant souvent est le caractère identitaire du mouvement; un aspect qui va prendre de plus en plus de place dans leurs analyses.
Antony Maragnés rappelle enfin que le 26 février, un sondage a révélé qu’une majorité de Français était prête a accorder son indépendance à la Guadeloupe. Seul hic, celle-ci ne la demandait pas ! D’ailleurs si le même sondage avait été effectué en Guadeloupe, le oui, en cette période, n’aurait pas dépassé les 10 % ! Tout en donnant l’illusion opposée, le fait de poser cette question est révélateur d’une démarche colonialiste où l’on prétend décider pour l’autre dans un dialogue à sens unique. De même, Maragnés se demande si la question « combien la Guadeloupe coûte à la France » aurait pu se poser pour d’autres départements de l’hexagone !
Frédéric Gircour (trikess2002@yahoo.fr)
- Du 20 janvier au 01er février : tourisme médiatique
- Du 02 février au 14 février : raréfaction de l’information
- Du 15 février au 21 février : journalisme anti-émeute
Pour lui, la presse nationale s’est globalement plus focalisée sur les conséquences d’ordre économique (impact sur le tourisme par ex.) et sur les problèmes de vie pratique liés à la grève ( écoles fermées, absence d’essence, etc) que sur les causes du conflit elles-mêmes. Ainsi, au lendemain de la signature de l’accord Bino, le 05 mars, le Monde titrait : « La Guadeloupe au bord de la faillite ». La grève a été le plus souvent présentée comme un fléau qu’il conviendrait de circonscrire (contagion).
Les techniques d’investigation au début se sont résumées aux micro-trottoirs, pour le reste la majorité des journalistes suivaient les dépêches. Petit à petit les analyses ont pris le pas sur le factuel, même si celles-ci n’étaient pas dépourvues de nombreux stéréotypes, voire d’erreurs. Il est révélateur d’observer que ce n’est qu’à la venue d’Yves Jégo que sont arrivés massivement les envoyés spéciaux des médias nationaux. C’est d’ailleurs la plupart du temps des journalistes généralistes qui ont été dépêchés ici. D’une sous-exposition, la Guadeloupe passe à une surexposition, mais cela n’implique pas forcément une meilleure compréhension…
La présentation médiatique du LKP s’est réduite le plus souvent à celle d’un collectif « contre la vie chère » et seules les mesures phares comme la baisse des produits de première nécessité ou les 200 euros d’augmentation pour les bas-salaires ont été mentionnées à l’exclusion de la grande majorité des autres revendications qui recouvraient des champs très variés. L’autre pendant qu’ont traité les journalistes en le caricaturant souvent est le caractère identitaire du mouvement; un aspect qui va prendre de plus en plus de place dans leurs analyses.
Antony Maragnés rappelle enfin que le 26 février, un sondage a révélé qu’une majorité de Français était prête a accorder son indépendance à la Guadeloupe. Seul hic, celle-ci ne la demandait pas ! D’ailleurs si le même sondage avait été effectué en Guadeloupe, le oui, en cette période, n’aurait pas dépassé les 10 % ! Tout en donnant l’illusion opposée, le fait de poser cette question est révélateur d’une démarche colonialiste où l’on prétend décider pour l’autre dans un dialogue à sens unique. De même, Maragnés se demande si la question « combien la Guadeloupe coûte à la France » aurait pu se poser pour d’autres départements de l’hexagone !
Frédéric Gircour (trikess2002@yahoo.fr)