mercredi 24 juin 2009

mobilisation anti-Sarkozy vendredi


« SARKOZY, JE TE VOIS… »… VENIR !


1° 1200 gendarmes mobiles viennent de débarquer en Guadeloupe

Souvenez-vous, il a fallu un mois à Nicolas Sarkozy, un long mois de silence lourd de mépris pour qu’il daigne enfin s’exprimer sur la crise aux Antilles. Il a fallu que la Guadeloupe s’embrase, qu’il y ait mort d’homme, pour que finalement l’omni-président sorte de son mutisme.


Par pour répondre aux attentes formulées par les Guadeloupéens dans la plate-forme de revendications du LKP défendue par la quasi-totalité de la population, non : pour imposer depuis Paris les thèmes dont les Guadeloupéens devraient parler tout en en fixant le calendrier… Il a appelé ça les états généraux de l’Outre-mer. Lors de son allocution du 19 février, il s’engageait à venir les inaugurer en Guadeloupe au mois d’avril quand la situation serait apaisée. Chacun a pu constater qu’il a failli à ses engagements puisque les états généraux ont commencé en son absence et dans l’indifférence générale. Aujourd’hui, on apprend que M. Sarkozy compte finalement se rendre aux Antilles françaises les 25 et 26 juin. Faut-il en déduire, puisque c’était la condition sine qua non de sa venue, que la situation en Guadeloupe est pour autant "apaisée". Apparemment, Sarko le pacificateur a de sérieux doutes sur la question puisque pas moins de 1200 gendarmes mobiles viennent de débarquer en Guadeloupe (en renfort des 900 déjà présents), pour protéger le petit homme. Autant dire que la Guadeloupe est en état de siège.


2° Après les carcasses de voitures, ce sont les prix qui flambent

« Ou nous aurons la raison, ou nous aurons la révolte. Ou nous aurons la justice, ou nous aurons la violence ». Peut-être ces paroles prophétiques résonnent-elles encore aux oreilles du président. Elles ne sont pas de Che Guevara, même pas d’Elie Domota, en fait c’est Sarkozy lui-même qui les a prononcées il n’y a même pas une semaine devant l’OIT (Organisation Internationale du Travail) à Genève ! Alors bien sûr les rues ne sont plus jonchées de carcasses de voitures calcinées, certes les barricades ont été levées, mais la colère ne fait qu’enfler en Guadeloupe.

Il reste encore quelques rares stigmates des débordements violents de février (photo FG)


Il y a d’abord la question des prix qui cristallise le mécontentement : si les produits de première nécessité ont pu baisser grâce à l’important travail réalisé par Alain Plaisir et ceux qui ont oeuvré à ses côtés, dans le même temps, les grands distributeurs ont fait exploser les prix des autres produits. C’est incontestablement une marque de mépris à l’égard de tous ceux qui se sont sacrifiés pendant 44 jours pour dénoncer les profitations qui les étranglaient. Qui plus est, beaucoup dénoncent que nombre des marques qui avaient fait l’objet d’une baisse ne sont plus en rayon… Au sein de la population, certains commencent à percevoir les limites du système libéral et de fait les limites du LKP qui ne remet pas fondamentalement en cause ce système. Alors que le capitalisme apparaît plus que jamais comme un système reposant sur l’exploitation d’une majorité par une minorité, Alex Lollia, de la CTU, nous interroge: devons-nous nous contenter de lutter contre les profitations ou devons nous nous battre pour créer une société sans profitation. Elie Domota, interrogé la semaine dernière par Chien Créole, rappelle que « dès le début, on savait que le chemin serait long et difficile. Il faut s'armer de courage, d'audace et de détermination. Quoiqu'on en dise, les mentalités ont beaucoup changé pendant les 44 jours. Il ajoute plus grave : ce qui est sûr, c'est que si ça continue comme ça, on reprendra la grève générale en septembre, pour 50 jours s'il le faut.»


3° Les raisons de la colère

Yves Jégo, qui vient de se faire remplacer par Marie-Luce Penchard à l'Outre-mer (exit Jego) à plusieurs reprises, avait fait savoir avant la signature du protocole de fin de conflit, qu’hormis la question des 200 euros, tous les autres points de la plateforme de revendications avaient fait l’objet d’un accord. Ce n’était évidemment pas le cas mais constatant la bonne volonté de l’Etat et des élus locaux pour poursuivre les négociations, le LKP avait suspendu la grève générale. Or à quoi assiste-t’on ?


source : http://karinevillard.over-blog.com/


Quasiment tous les points sont, bloqués dans le meilleur des cas; même pas traités la plupart du temps ! Qu’en est-il aujourd’hui des questions de la formation des jeunes, de la lutte contre les contrats précaires, contre les discriminations à l’embauche ? Qu’en est-il de la revalorisation des minimas sociaux et des retraites, de l’épineux problème des contrats aidés, etc. ? C’est le statu quo.

Non seulement l’Etat ne tient pas ses promesses en Guadeloupe mais il est responsable du torpillage de l’accord Bino avec le décret d’extension amputé. Les collectivités territoriales et l’Etat s’étaient dans un premier temps proposés de participer à hauteur de 150 euros pour augmenter les bas de salaires, pendant trois ans maximum, afin de permettre aux entreprises de préparer leur comptabilité. L’accord promulgué par le ministère du travail n’oblige plus les patrons à reprendre à leur charge l’intégralité des 200 euros dans 3 ans. Le sacrifice n’aura donc porté que sur les contribuables et non sur les distributeurs dont on sait les marges qu’ils se font… Mais ce n’est pas tout, les 150 euros de l’Etat et des collectivités territoriales n’ont toujours pas été versés aux bas salaires concernés, alors que les prix eux flambent depuis un moment. Pire, on croit comprendre que le retard est du en partie au nouveau calcul des ayant-droits, certains pensant bénéficier des 200 euros n’y auront finalement pas droit à cause du 13ème mois ou d’autres primes…


4° Le poids du silence

Dans ces conditions comment ne pas réagir à la venue de Sarkozy ? Comment lui laisser montrer triomphalement aux nombreux médias venus pour l’occasion de l’hexagone qu’en Guadeloupe tout est arrangé, sous contrôle ? C’est impensable. C’est par la Martinique que le président entamera son séjour. Déjà, un syndicat faisant parti du Collectif du 5 février appelle là-bas à manifester mercredi. Selon les informations que Chien Créole a pu glâner, Nicolas Sarkozy devrait arriver de Martinique en hélicoptère militaire en début d’après-midi, le vendredi. Même si son emploi du temps est maintenu secret, on sait qu’il devrait se rendre à 17 heures aux états généraux prévus ce jour salle Laura Flessel, derrière le lycée des droits de l’Homme, à Petit-Bourg. Un autre moment serait prévu à la capitainerie, là où les dernières négociations avec le LKP avaient eu lieu. L’endroit est pratique puisqu’une zone sécurisée permet à un hélicoptère d’y atterrir en toute tranquillité.

Pour tous ceux qui entendent manifester leur désapprobation vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, un rassemblement est prévu vendredi entre 12h00 et 14h00 . Il s’agit de lui renvoyer son mépris au visage : puisqu’il nous a asséné son silence pendant un mois, c’est par ce même silence méprisant que nous l’accueillerons, avec du scotch sur la bouche. Pour prolonger ce silence et à l’image de sa visite insignifiante, nous arborerons des pancartes sans rien écrit dessus et des banderoles blanches pour exprimer le fait qu'il ne nous inspire même pas un slogan… En revanche notre présence signifiera notre inconformité. Nous refusons ce dialogue faussé qu’on veut nous imposer. Nous voulons des avancées sur les points que nous avons soulevés collectivement. Il n’y a rien de plus à dire. Gageons que les journalistes qui raffolent des images originales diffuseront cette action dans leurs médias. Il faut donc que nous soyons le plus nombreux possible et que chacun en parle autour de lui, convainque, relaye l’information par sms ou par mail. Citoyens, à vos planches, à vos clous et à vos vieux draps ! Et n’oubliez pas le scotch ! Rendez-vous donc vendredi, entre 12h00 et 14h00, devant la sous-préfecture à Pointe-à-Pitre. Tout le monde est le bienvenu, même si vous n'avez pas eu le temps de préparer de pancarte et que vous ne pouvez rester qu'un petit quart d'heure ! On compte sur vous !


FRédéric Gircour (trikess2002@yahoo.fr)